Quel est le lien entre la santé mentale, l’intimidation et le poids ?
Aujourd’hui c’est la journée Bell cause pour la cause. Elle a pour objectif d’aider « à mettre fin à la stigmatisation entourant la santé mentale et susciter l’action en faveur de cette cause au Canada ». Statistiques Canada publiait d’ailleurs récemment les chiffres de prévalence de la dépression et de l’idéation suicidaire chez les jeunes âgés de 15 à 24 ans. J’ai appris que c’est dans ce groupe d’âge que le taux de dépression est le plus élevé au Canada et que le suicide est la 2e cause de décès. Les données publiées par Statistiques Canada montrent que 11% d’entre eux ont déjà souffert de dépression et que 14% ont eu des idées suicidaires au cours de leur vie. Ça représente un peu plus de 1 jeune sur 10. C’est troublant!
Les jeunes le plus à risque
Autant pour la dépression que pour les idées suicidaires, les filles sont plus à risque. Les jeunes les plus à risque, autant les filles que les gars, rapportent plus d’interactions sociales négatives et moins de soutien émotionnel que les autres jeunes. En d’autres mots, ceux qui ont souffert de dépression et ont eu des idées suicidaires perçoivent des sentiments négatifs dirigés vers eux de la part de leur entourage, se sentent exclus socialement, ressentent moins d’attachement et sentent qu’ils ont peu de valeur.
Je fais des liens…
En écrivant ces dernières ligne, je ne peux m’empêcher de penser que l’intimidation, dont on parle beaucoup au Québec dernièrement, puisse expliquer au moins en partie la présence des interactions sociales négatives et le peu de soutien émotionnel rapportés par les jeunes ayant souffert de dépression et d’idéation suicidaire. J’ajoute à mon raisonnement le fait que l’intimidation liée au poids est la forme d’intimidation la plus fréquente auprès des jeunes. J’ajoute aussi que des études ont déjà montré que la dépression, l’isolement, une faible estime de soi et les idées suicidaires font partie des conséquences de l’intimidation liée au poids chez les jeunes. Je me demande donc dans quelle mesure ce type d’intimidation peu expliquer les chiffres présentés dernièrement par Statistiques Canada.
D’où vient l’intimidation liée au poids?
Les jeunes sont le reflet de notre société. Ils apprennent très vite! Par exemple, les jeunes filles montrent aujourd’hui des signes d’insatisfaction corporelle dès un très jeune âge. Elles ont appris quelque part que leur corps n’était pas acceptable s’il ne ressemble pas à un modèle précis. Plusieurs se jugent très sévèrement.
En conséquence, les jeunes tendent à juger les autres aussi sévèrement en fonction de leur image corporelle. Ce qui mène à la discrimination et à l’intimidation.
Ça m’amène à vous poser ces questions :
- Quel genre de discours avez-vous concernant le poids, votre poids autant que celui des gens?
- Quel exemple donnez-vous aux jeunes que vous côtoyez?
- Êtes-vous souvent en train de critiquer votre image corporelle ou de critiquer celle des autres?
- Jugez-vous les gens en fonction de leur poids?
Vous souhaitez évaluer à quel point, de façon inconsciente, vous avez tendance à juger les gens en fonction de leur image corporelle? Vous pouvez faire le test « Test Implicit Association - Poids (IAT) » au lien suivant https://implicit.harvard.edu/implicit/
Partagez vos résultats ou vos prises de conscience ici! Tout comme on le fait pour la santé mentale aujourd’hui, plus on en parle, moins le sujet de la discrimination et l’intimidation par rapport au poids restera un tabou.
Références
Lindlay, L. (2017). Dépression et idéation suicidaire chez les Canadiens de 15 à 24 ans. Statistique Canada, no 82-003-X au catalogue, Rapports sur la santé, 28(1), 3-12.
Puhl, R. M., Latner, J. D., O'Brien, K., Luedicke, J., Forhan, M., & Danielsdottir, S. (2016). Cross-national perspectives about weight-based bullying in youth: nature, extent and remedies. Pediatric Obesity, 11(4), 241-250. doi: 10.1111/ijpo.12051
Puhl, R. M., & King, K. M. (2013). Weight discrimination and bullying. Best Practice & Research: Clinical Endocrinology & Metabolism, 27(2), 117-127. doi: 10.1016/j.beem.2012.12.002